Par Maureen (@the_spacepeach) , le mardi 1 septembre 2020 (Temps de lecture : 4min)
Black Is King : un tremplin sans précédent pour l’up-cycling de Marine Serre
Marine Serre par Marie Rouge pour Libération
Il est difficile d’être passé à côté ces dernières semaines : le long métrage signé Beyoncé « Black is King » a submergé la sphère Internet. Mise en scène de l’album « The Lion King : The Gift » sorti un an plus tôt pour accompagner le remake du film de 1994, le projet était très attendu. Paru dans un contexte de paralysie de l’industrie cinématographique, il n’a fallu que quelques heures à Black Is King pour inonder les réseaux sociaux et les médias. Le hashtag #BlackisKing a d’ailleurs été tweeté des près d’un million de fois pendant les 24 heures suivant la sortie du film, preuve de l’engouement suscité. Disponible depuis le 31 juillet dernier sur la plateforme Disney +, la production écrite, réalisée et produite par Beyoncé semble n’avoir aucune concurrence. L’explication de ce retentissement exceptionnel est à trouver dans le contexte actuel de tensions raciales particulièrement exacerbées aux Etats-Unis qui encourage la communauté afro-américaine à se pencher sur ses racines. Et quoi de mieux pour cela que « Black Is King », ode à la culture africaine et fresque politique rondement menée par la reine de la Pop ? Malgré quelques critiques insinuant une certaine naiveté de l’artiste quant à la représentation qu’elle se fait du continent africain, les visuels et la bande originale du long métrage ont été vivement salués. Figure de l’ « empowerment » des femmes noires à travers le monde, Beyoncé montre une nouvelle fois son engagement pour les « Brown skin girls » qu’elle encourage à s’affirmer en acceptant leur peau foncée et leur « nappy hair ». Ce film est un message d’encouragement adressé à tous les « Kings » qui veulent bien se reconnaitre dans ce scénario poétique. Nombreux sont ceux qui ont d’ailleurs jugé que le film était l’événement mode de l’été, supplantant les fashion weeks visuelles proposées au public en juin dernier. La chanteuse y mêle tradition et modernité en termes de tenues, toutes plus uniques les unes que les autres. Sa styliste Zerina Akers offre de par ses choix, une visibilité à de nombreux créateurs indépendants que la crise du coronavirus a mis à mal. Le film en devient un véritable défilé de mode dont la variété et la vitalité en font un hymne aux différents styles de l’artiste. Et c’est au milieu de ce bal de designers issus du monde entier que l’on retrouve notre reine nationale de l’up-cycling Marine Serre.
Ateliers de Marine Serre - Source : Pâle Studio
Elle est la nouvelle styliste star des Fashion weeks de Paris, ses tenues sont portées par Kylie Jenner et Beyoncé et pourtant. Marine Serre n’en reste pas moins une personne très discrète. Née dans la Creuse en 1991, rien ne la prédestinait à faire de la mode son métier. En 2016, après divers stages dans des maisons de mode (Alexander Mc Queen, Margiela), le très hype concept store parisien « The Broken Arm » se passionne pour sa première collection « Radical Call for love ». La jeune créatrice est récompensée l’année suivante du prix LVMH qui lui ouvre alors de nombreuses portes. Elle reçoit par la même occasion l’adoubement de prestigieux pairs comme Karl Lagerfeld, Ricardo Tisci, Phoebe Philo ou Nicolas Ghesquière. C’est alors que sa carrière décolle et que son ascension est depuis fulgurante. Elle travaille comme designer junior auprès de Demna Gvasalia, directeur artistique de Balenciaga et y développe sa signature. Marine Serre est passionnée par deux choses : le sportswear qu’elle adore porter en souvenir de ses années de tennis à haut niveau et les vêtements vintage qu’elle customise à sa guise. La lutte contre la fast fashion est son fer de lance. Couleurs vives, masques, tailoring, sportswear : la jeune créatrice a tout d’une grande et s’est plus que jamais fait une place sur la scène mode internationale. Avec la lune pour emblème, plus rien ne semble l’arrêter. Mais Marine Serre n’est pas seulement une surdouée, elle donne aussi un nouvel élan à la mode de par sa vison de l’up-cycling qu’elle a intégré avec brio à la Fashion Week de Paris. Vêtements, accessoires, fibres : tout dans les collections de la créatrice est recyclé ou up-cyclé. Sa dernière collection (AW 2020/21), sobrement appelée « Mind Melange, Motor » en est la démonstration parfaite. Marine Serre la définit comme un mélange « art, craft et couture » et y propose notamment des accessoires issus d’objects destinés à la casse auxquels elle redonne vie et unicité. Pinces électriques, cadrans de montre, chaines, boulons, clés : tout est bon pour être réutilisé. Tim Blanks, journaliste pour Business of Fashion présent à son dernier défilé en janvier la décrit comme une designer politique engagée dans le monde dans lequel elle vit. Sa façon si simple de répondre à des problématiques essentielles comme l’impact de la mode sur l’environnement fait de Marine Serre une styliste qui intrigue et soulage. En termes d’upcycling, Marine Serre se veut transparente : 50% des vêtements de sa dernière collection sont issus de « deadstocks » c’est à dire de tissus//vêtements re-visités par la créatrice tandis que l’autre moitié de la collection est neuve mais issue de fibres entièrement recyclées et issues d’anciens vêtements. Alors mode éco responsable oui, mais mode pratique aussi ! Les pièces de Marine Serre se caractérisent par leur practicité empruntée au monde du sportswear. Echarpe avec des poches, escarpins aux semelles adhésives, la créatrice se veut la défenseuse d’une mode post apocalyptique en accord avec son temps et ses enjeux. C’est d’ailleurs dans le contexte actuel de pandémie mondiale que la marque postait il y a 3 mois une vidéo « Do It Yourself » de fabrication de masques destinée à tous les amateurs de couture maison. "Pourquoi aller acheter du tissu en Chine alors qu’il en existe tant à réutiliser ? » se demandait-elle lors d’une interview en 2018. Marine Serre souhaite créer et produire autrement. Elle s’effare face à l’attitude des grandes maisons de couture qui peinent à « faire un pas vers ce type de production » tandis que la tendance générale est à la condamnation du gaspillage. La créatrice se défend cependant de faire de l’up-cycling un combat. « Le vêtement doit d’abord être désirable et portable ». Pas question de faire de l’up-cycling pour faire de l’up-cycling, la visée de son ambition est d’imaginer des modèles aussi beaux que fonctionnels pour les « femmes d’aujourd’hui ».
Felipe Barbosa pour LeMonde
Cette notion semble avoir été bien interprétée par Beyoncé qui a donc choisi de sélectionner Marine Serre parmi les nombreux designers internationaux dont elle porte les créations dans « Black is King ». Et c'est au détour de la chanson « Already » interprétée en collaboration avec le chanteur ghanéen Shatta Wale et produit par Major Lazer qu’on découvre les tenues conçues par la créatrice française. C’est d’ailleurs la première tenue de Beyoncé pour le visuel de la chanson. L’artiste y porte une combinaison moulante intégrale imprimée de la célèbre lune. Ses danseuses et elle exécutent une chorégraphie très sensuelle mettant en valeur les corps et les pièces. Ce n’est pas la première fois que Beyoncé porte ce modèle qu’elle avait déjà arboré lors d’un match de NBA en 2019 et qui avait été à l’époque très remarqué. Le total look porté par Beyoncé dans « Black is King » a été réalisé sur-mesure par la créatrice française étant donné que le coloris marron que souhaitait Zerina Akers n’était par encore commercialisé à l’époque de sa requête. « Marine Serre a eu la gentillesse de nous confectionner des combinaisons personnalisées et des gants assortis frappés de son imprimé signature pour Beyoncé et ses danseuses ».
Photo: Courtesy Parkwood Entertainment / Disney +
Le clip de la chanson a été visionné 22 millions de fois sur Youtube en un mois et a engendré une explosion des ventes de la marque française. C’est ainsi que le moteur de recherche Lyst affirme avoir enregistré une hausse des recherches « Marine Serre imprimé croissant de lune » de 426% pendant les 48 heures suivant la sortie du clip. Sur Google, les recherches des créations de Marine Serre n’ont jamais été aussi nombreuses que depuis la sortie de « Black Is King ». Cet engouement pour l’imprimé lune n’est cependant pas nouveau. Ce n’est en effet pas la première fois qu’une célébrité porte les créations de marine Serre. Kylie Jenner partageait en mars à ses 192 millions d’abonnés une photo du matching outfit Marine Serre qu’elle partageait alors avec sa fille Stormi. Le cliché a recueilli 10 millions de like sur Instagram. Dua Lipa portait du Marine Serre lors de la promotion de son album Future Nostalgia, tandis que Rosalía apparaissait vêtue d’une combinaison complète à la Fashion Week de New York en février dernier. La Belge Angèle avait aussi choisi la fameuse combinaison noire aux croissants de lune rouges lors de la 35ème cérémonie des victoires de la musique. Le même soir, Pomme, alors gagnante de la Victoire de l’album révélation montait sur scène vêtue d’une pièce phare de Marine Serre, un body en jersey arborant le fameux croissant de lune. Adèle se mettait en scène dans la même tenue lors de la sortie de Black Is King, félicitant Beyoncé sur son compte Instagram. Marine Serre a donc réussi le pari de faire de son emblème un must have. Lors d’une interview pour Vogue London, la créatrice expliquait son choix : « En cette période ultra-logotypée, je me suis dit, je ne veux pas un logo avec mon nom, je veux quelque chose qui signifie plus. La lune est le symbole de la femme, alors j’ai pensé que ça ne pouvait pas être mieux. Il est à la fois constamment instable et intemporel. » Tout comme elle. Cet imprimé ne relève donc plus simplement de la tendance saisonnière mais répond désormais d’une intemporalité glorifiée.
Marine Serre par Jeremy Everett & Olivier Zahm
L’augmentation de cet attrait pour Marine Serre est une bonne nouvelle pour la mode up-cycling. Souvent critiquée pour son manque d’esthétique, cette dernière semble enfin trouver des adeptes. La créatrice et son univers ont réussi à séduire et à démocratiser l’up-cycling auprès d’un public peu sensibilisé à la cause environnementale au premier abord. Les défilés et les collaborations ne sont d’ailleurs pas les seuls moyens à sa disposition pour véhiculer son message. La marque a en effet dévoilé une série de 6 vidéos ASMR afin de découvrir les coulisses du travail de Marine Serre tout en se relaxant. La créatrice y explique son processus de création, présente la façon dont elle recycle les anciens tissus et sa manière de les transformer. Le concept est ludique et met les sens en éveil grâce à des visuels extrêmement apaisants. On peut y observer la façon dont son jean imprimé lune est fabriqué. La pièce est produite à partir de morceaux de denim issus de deadstocks tandis que les robes sont constituées à partir de morceaux de foulards. Les modèles de la jeune créatrice représentent la mode compte tenu de l’état actuel des choses mais s’inscrivent aussi dans le futur. Son « futurewear » comprend un mélange de références culturelles ainsi qu’une garde-robe qui préfère se réinventer chaque saison plutôt que de disparaitre au profit de nouveaux vêtements. Jusqu’à la saison printemps/été 2020, la marque avait divisé ses créations en quatre lignes distinctes. La ligne « Blanc » qui réunissait des basiques de la garde-robe Marine Serre portables à chaque saison. La ligne « Or » qui regroupait les tenues expérimentales. La ligne « Rouge » dite Couture qui incorporait les nouvelles idées de chaque saison et la ligne « Verte » dire durable. Ces lignes ont disparu après la collection printemps/été 2020 puisque la notion de durabilité s’appliquait désormais à l’ensemble de la collection. Les courtes vidéos, créées par la collaboratrice de Serre Giulia Roman, sont une nouvelle façon de communiquer l’identité d’une marque durable et sont disponibles sur la chaine Youtube de Marine Serre. Le caractère interactif de Youtube permet désormais aux designers communiquer à un public plus large que celui qui connait déjà leur ADN. Marine Serre prouve (encore une fois) qu’elle a une longueur d’avance. La visibilité que lui a offert Beyoncé permet désormais à la marque parisienne de s’exporter une bonne fois pour toutes à l’international et d’assouvir sa domination sans concurrence sur le marché de l’up-cycling. Grâce à une recette simple mêlant mode éthique, esthétique et tendances futures, il sera désormais impossible de penser la mode sans Marine Serre.
Collection Marine Serre Automne Hiver 2020-2021 par Jamie Stocker
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